Cette semaine, les skippers ont aperçu leurs premiers albatros !
Pour tout savoir sur les animaux de la course :
Hum, mais ce n'est pas un albatros, c'est un bateau que je vois là, sur l'eau. Que ces voiles sont grandes ! On dirait qu'il veut décoller, mais il n'y arrive pas vraiment : il rebondit surtout. Cela me rappelle mes derniers battements d'ailes, lorsque je tentais d'échapper à une vague. Attends, c'était il y a déjà quelques semaines. Depuis, j'ai verrouillé mes ailes d'albatros avec mes tendons, pour qu'elles restent déployées. Je file dans le vent de l'océan Austral, du sud de l'Atlantique, du sud de l'océan Indien et du sud de l'océan Pacifique. Je fais le tour du monde autour de l'Antarctique. Je vois bien que depuis les navires, on m'observe avec des jumelles quand je travaille le vent.
Je monte pour récupérer l'énergie et je redescends pour la restituer. Mon vol est sinueux. Je frôle les vagues qui soulèvent l'air et me portent. Je glisse et dans la rafale, je remonte. Une fois, des scientifiques d'une île sur laquelle j'ai l'habitude de fabriquer mon nid sont venus me mettre un petit GPS sur mon dos. D'après eux, j'ai parcouru 22 000 kilomètres en 46 jours sans me poser. La moitié du tour de la Terre… je pense qu'ils ont été surpris par le résultat, mais pour moi, c'est normal. Je passe 95 % de mon temps à voler, je ne vois pas ce qui a de si exceptionnel. Quand je vois ces voiliers, ça me donne envie de les suivre pendant un petit moment. Qui sait, ils me conduiront peut-être vers un courant rempli de calamars et de poissons ? Tiens d'ailleurs, j'entends le ressac d'une île, ça doit être les falaises ouest de la Possession.
L'île d'un archipel situé à 200 kilomètres au sud. Bon, je dois choisir entre suivre Justine Mettraux ou me diriger vers du fracas des vagues. Allez, je me lance, suivons la course ! En plus, je vois qu'ils gardent le vent sur l'arrière pour avancer rapidement, c'est aussi ma stratégie quand je cherche des eaux remplies de krills, qui bourgeonnent de vie. Les voiliers ne s'arrêtent jamais, même pas la nuit. Que croyez-vous ? Moi non plus. C'est la nuit qu'on voit le mieux le plancton marin, qui est luminescent, comme plein de petites lucioles vertes ponctuant l'océan devenu sombre. Ouh là là, mais ça sent bon, ça vient du sud. Il faut que je change de cap, cette fois-ci je crois que je tiens mon repas. Les manchots sont peut-être déjà arrivés. Cela doit se situer à la convergence entre des courants chauds des océans et les courants froids de l'Antarctique, là où il y a beaucoup de nutriments. L'autre fois, j'entendais les explications d'un scientifique quand j'étais en train de couver sur mon nid en attendant ma partenaire. Il parlait d'éléments indispensables pour fabriquer des petits organismes, lesquels sont ensuite mangés par des plus gros. Comme quand j'avale des dizaines de calamars d'un coup. Je me remplis le gosier pour ensuite ramener à manger à mon poussin. Là, ça fait presque un an qu'on le nourrit. Je vais lui ramener une jolie béquée. Par contre, il ne faut pas que je fasse de vieux os ici. Une dépression arrive et j'essaye d'éviter la furie du temps pour ne pas abîmer mes belles ailes, les plus grandes qu'un oiseau puisse porter.